Comment les médias sociaux façonnent le paysage socioculturel des femmes queer à Montréal?
Recherche financée par le Conseil de recherches en sciences humaines.
Collaboratrice: Julie Podmore, Département de Géographie, d’urbanisme et d’environnement, université Concordia.
Les manières dont les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et queer (LGBTQ) se rencontrent et ont accès à du support social changent. Historiquement, une concentration de personnes LGBTQ, de lieux et d'organisations ont permis la naissance des 'villages gais' dans les centres urbains majeurs au Canada. Malgré cela, les femmes queer ont souvent peu accès au capital permettant de s'offrir une propriété dans les villages gais et ont ainsi dépendu de réseaux sociaux informels pour se rencontrer, contribuant ainsi à leur invisibilité relative des paysages urbains. La gentrification et d'autres facteurs ont mené à la dispersion des lieux et des personnes LGBTQ des villages gais à travers les villes, coïncidant par ailleurs avec une adoption généralisée d'Internet, des médias sociaux et des applications.
Les personnes LGBTQ utilisent un éventail de technologies des médias numériques avec en tête de former des relations, des amitiés et des communautés. Par contre, peu de recherches examinent les usages de technologies multiples, constituant l'écologie numérique et médiatique d’un individu et peu d'études évaluent comment ces technologies façonnent les espaces physiques de rencontre. Alors que les études sur la mobilité des médias ont démontré que certaines fonctionnalités chevauchent l'espace numérique et l'espace physique en permettant les rencontres, même dans des environnements homophobes, la plupart des recherches se concentrent sur l'utilisation des technologies par les hommes gais. Sachant que les femmes queer continuent d'expérimenter de hauts niveaux d'anxiété, de dépression et de risque de suicide causés par le double impact de la stigmatisation sexuelle et de l'inégalité de genre, le besoin de comprendre leur mode de support social (ou le manque de celui-ci) demeure crucial.
Ce projet financé par le CRSH explore comment les médias sociaux et les applications façonnent les contacts sociaux, l'organisation et les communautés de femmes queer à Montréal. Ses trois objectifs sont:
Identifier le rôle des médias sociaux et des applications dans les contacts entre les femmes queer et ainsi fournir plus d'informations et de ressources aux organisations de femmes LGBTQ pour faciliter les contacts sociaux.
Avoir une analyse critique des médias sociaux et des applications commerciales utilisés par les femmes queer afin d'approfondir les connaissances académiques sur les manières dont une gamme de technologies façonne les opportunités de contact.
Analyser l'interaction entre les technologies des médias numériques et les rencontres sociales physiques afin d'approfondir les savoirs académiques et pratiques sur les manières dont ces technologies chevauchent les espaces numériques et physiques dans un contexte local.
Cela sera réalisé en utilisant des méthodes traditionnelles et numériques traitant deux questions centrales: A) Comment les technologies des médias numériques influencent les manières dont les femmes queer se rencontrent, forment des communautés et trouvent des organisations LGBTQ? B) Comment les organisations de femmes LGBTQ, les entreprises et les initiatives communautaires répondent-elles aux changements au sein des technologies de médias numériques et font face à leurs impacts sur les espaces physiques?
Ce projet débutera en cartographiant, en observant et en analysant de manière critique les espaces physiques et numériques des femmes queer, en appliquant une analyse textuelle et visuelle des médias numériques adressés aux femmes queer montréalaises. Puis, des entrevues seront réalisées avec divers groupes de femmes queer (ex: OBNL, entreprises, groupes de bases) afin de comprendre comment les technologies de médias numériques ont des impacts sur les stratégies organisationnelles.